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L’Éternel vit qu’une partie de sa population utilisait un langage peu recommandable et que toutes les pensées de leurs cœurs s’exprimaient en blasphèmes. L’Éternel se repentit d’avoir créé de tels bucherons si mal élevés qu’il en vint à blasphémer lui-même. Les Québécois ne faisaient que tourner en ridicule la religion au point tel que même la fête du « p’tit » Jésus avait été oubliée. L’Éternel, en beau « christ », décida qu’il était temps de mettre un terme à tout cela. Il trouvait inacceptable que la fête de son fils ne soit pas soulignée année après année comme elle le devrait. Pour remédier à la situation, il conclut qu’il allait déclencher une tempête de neige effroyable sur les habitants du Québec, tempête beaucoup plus importante que la crise du verglas. Par contre, L’Éternel se dit qu’il était injuste pour les gens pieux et respectueux envers son fils de subir une telle catastrophe. Il chercha sans relâche l’homme à qui il allait donner l’énorme tâche de ramener la pensée de Jésus dans l’esprit des gens.

 

C’est à Charlemagne, petit patelin de Lanaudière au sud du Québec, qu’il dénicha Noël Angélil et sa femme Céline et leurs enfants. Aimés de tous, ça ne faisait aucun doute aux yeux de L’Éternel qu’elle était la famille élue. L’Éternel conseilla à Noël de construire de quoi survivre à la tempête : « Dans sept jours, une tempête surviendra et frappera le territoire québécois. Cette race impure, indigne de mon amour et de ma bénédiction sera punie. Toi qui es juste et bon, construis un traineau rouge qui te permettra de braver la tempête. Cette dernière gèlera les sols ainsi que les fesses de tous les Québécois. Tu devras apporter des provisions, puisque cette tempête sera féroce : 4 ans et 4 jours sans répit. Apporte des patates pour les fibres, de la sauce brune pour le réconfort sans oublier les petits grains de fromage de la Vache à Maillotte pour les protéines. » C’est ce que fit Noël : il exécuta tout ce que Dieu lui avait ordonné. En six jours, Noël avait construit un traineau d’un rouge flamboyant, orné de gravures dorées et de branches de gui. Il aurait bien voulu prendre les 7 jours pour le construire, question de le perfectionner, mais le RONA était fermé le dimanche. Noël choisit 9 orignaux pour tirer son traineau. Il se dit que c’était plus économique, efficace et écologique qu’un moteur (couche d’ozone oblige !).

 

Puis, le jour fatidique arriva. La tempête fut si terrible que dès les premiers flocons, la plupart des animaux quittèrent le territoire. Les perroquets se dirigèrent vers l’Amérique centrale et on ne les revit plus jamais. La couleur de la fourrure des renards paniqués passa de rousse à blanche. Apeurées, les poules se mirent à pondre des œufs et les vaches devinrent couvertes de taches noires. Les arbres eurent tellement froid que leurs feuilles se dressèrent sur leurs branches comme le poil se dressa sur les bras des hommes. Ce fut la naissance des conifères. Le froid était si intense que les mammouths de l’ère glaciale sont presque revenus à la vie. Après une année complète, plus rien ni personne ne bougeait au Québec. Les rues étaient désertes et les maisons et leurs résidents figés sous des mètres de glace. Les humains restèrent pétrifiés si longtemps qu’ils comprirent leur leçon.

 

Quatre longues et glaciales années s’écoulèrent avant que la tempête se calme. Noël sut qu’enfin la colère de Dieu était révolue quand une mouette déféqua sur la tête de sa femme. Ce fut certes désagréable, mais c’était le premier signe de vie depuis ce qui semblait être, pour Noël et sa famille, une éternité. À partir de ce moment, la neige se mit à fondre et créa de grandes étendues d’eau toujours présentes aujourd’hui. Les renards retrouvèrent leur couleur et la plupart des oiseaux revinrent vers leur territoire. Par contre, ils prirent goût au sud, car ils y retournent à tous les hivers depuis lors. Pour remercier Noël d’avoir cru en lui, Dieu donna la vie éternelle à sa famille et lui en plus d’une poudre qui ferait voler son traineau et ses orignaux. Puis Noël dit : « Tous les ans, j’apporterai aux enfants croyants et gentils des présents, pour les encourager à continuer de croire en vous. Aux enfants désagréables, j’apporterai du charbon. Mes enfants m’aideront à concevoir ces présents, n’est-ce pas mes petits lutins?» «Bien sûr papa Noël!» répondirent-ils avec entrain. Depuis ce temps, il apporte donc des cadeaux aux enfants chaque 25 décembre pour souligner la fin du grand froid et surtout, la fête de l’enfant Jésus.

L’Éternel est déçu que les hommes ne respectent pas son commandement de ne pas blasphémer. Il déclenche donc une tempête sur ceux qui blasphèment le plus, les Québécois. Plutôt que de la pluie, il tomba une quantité atroce de neige et de verglas. Un homme pieux ainsi que sa famille et quelques animaux sont sauvés de ce « déluge ». L’homme se prénomme Noël et aura pour mission de ramener le peuple québécois sur le droit chemin en rappelant à tous la naissance de Jésus, les empêchant ainsi de tourner au ridicule la religion oubliée.

La tempête du siècle

Adaptation du récit du Déluge de la Bible par Valérie St-Amant, Gabrielle Gingras et Alex Godbout
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